vendredi 9 mai 2008

Relai de la flamme des droits humains en Chine - compte-rendu


Hier (jeudi le 8 mai), le Collectif étudiant pour les droits humains en Chine de l’Université Laval tenait une conférence de presse pour dénoncer, à trois de la tenue des JO, les nombreuses violations des droits de la personne qui ont encore cours en Chine. En plus de la question tibétaine, défendu par Dickey Bekhim et Christian Fortier, le traffic d'organes dont ont été victimes les pratiquants du Falun Gong et le harcèlement des avocats de la défense ont également été abordés.
Le soir venu, le même collectif organisait le relai de la flamme des droits humains. Un groupe d'environs 100 personnes ont suivi les porteuses de flambeau, dans les rues de la haute-ville de Québec, jusqu'à l'Assemblée Nationale. Là-bas, les principales revendications du Collectif ont été énoncées :
  • Engage un dialogue substantiel avec le dalaï-lama en vue d’instaurer une paix réelle et
    durable au Tibet ;
  • Autorise les Nations Unies à mener une enquête indépendante sur les événements qui ont
    eu lieu au Tibet depuis le 10 mars dernier ;
  • Reconnaisse le droit à liberté d’expression, à la liberté d’association et à
    l’autodétermination pour les peuples de Chine qui sont issus de minorités ethniques,
    notamment les Tibétains et les Ouïgours ;
  • Permette la liberté de mouvement et la liberté de presse pour les journalistes et
    internautes étrangers et chinois sur tout le territoire de la Chine, dans les limites qui puissent se justifier dans le cadre d’une société libre et démocratique ;
  • Cesse le harcèlement des défenseurs des droits de la personne et libère les prisonniers
    d’opinion ;
  • Reconnaisse le droit à la liberté de conscience et de religion et cesse la répression de
    mouvements spirituels faussement considérés comme « hérétiques », notamment le
    mouvement Falun Gong ;
  • Autorise les Nations Unies à mener une enquête indépendante sur les persécutions dont
    sont victimes les pratiquants du Falun Gong et sur les allégations de prélèvements d’organes sur des prisonniers non consentants ;
  • Respecte le droit à la propriété privée et mette fin aux expulsions forcées de citoyens de
    leur logement ou de leurs terres sans un préavis raisonnable et une juste compensation ;
  • Abolisse son système de sanctions administratives arbitraires comme la rééducation par
    le travail, au profit de peines prononcées par des tribunaux indépendants, au terme de procès ustes et équitables ;
  • Vise l’instauration d’un État de droit, en consacrant la séparation des pouvoirs publics,
    la transparence relativement aux décisions judiciaires et administratives, et en luttant
    contre la corruption ;
  • Suspende les exécutions sur tout le territoire chinois en vue d’aboutir à l’abolition de la
    peine de mort ;
  • Rende public un calendrier précis pour la ratification et la mise en oeuvre du Pacte
    international sur les droits civils et politiques.

Merci à ceux qui se sont déplacés pour l'événement. Un merci bien spécial à mes amis photographes qui ont répondu "présent" une fois de plus. Envahissez le Web de vos meilleurs clichés! Merci également au Collectif étudiant pour les droits humains en Chine de l’Université Laval pour la qualité de son organisation.

mercredi 7 mai 2008

La position du Ministre Bernier

J'ai reçu hier un courriel de Monsieur Alain D'Eer, qui a envoyé une lettre au Ministre des affaires étrangères, Maxime Bertrand, pour lui exprimer son inquiétude face aux événements survenus au Tibet en mars. Voici la réponse qu'il a reçu du Ministre :

Monsieur,

Le cabinet du très honorable Stephen Harper, premier ministre, m'a transmis le 20 mars 2008 votre courriel au sujet de la situation des droits de la personne en Chine et au Tibet. La promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante de la politique étrangère du Canada. Fervent défenseur des droits de la personne, le Canada opte pour une position de principe voulant que le respect de la liberté, de la démocratie, des droits de la personne et de la primauté du droit, valeurs qui définissent notre pays, puissent profiter au reste du monde.

Le Canada est très préoccupé par la situation des droits de la personne au Tibet et continue d'exhorter la Chine à prendre des mesures pour améliorer le traitement réservé aux Tibétains. Le Canada est préoccupé par les troubles survenus récemment dans la Région autonome du Tibet ainsi que dans les zones limitrophes de la Chine, et par les cas rapportés de violence, de morts et de détentions. Le premier ministre Harper et moi-même avons publiquement émis des déclarations demandant aux parties de faire preuve de retenue et de mettre fin à la violence. Le gouvernement du Canada a également fait connaître ses préoccupations à l'ambassadeur chinois et, par l'entremise de l'ambassade du Canada à Beijing, au ministre chinois des Affaires étrangères. Nous continuons de surveiller la situation de près et demandons aux deux parties de renoncer à la force.

Le gouvernement du Canada a pris bonne note de la demande du dalaï-lama qui réclame une enquête internationale au sujet de la situation au Tibet. Par souci de transparence, le Canada demande à la Chine d'autoriser les médias étrangers, les diplomates accrédités et les organismes compétents des Nations Unies à accéder sans entrave au Tibet et à d'autres secteurs du territoire chinois. Pour vérifier l'exactitude de l'information concernant la situation sur le terrain, y compris permettre à la communauté internationale de constater le respect des droits de la personne, la transparence est essentielle. Nous prions également la Chine de respecter le droit de tous les citoyens de participer à des assemblées pacifiques. Le droit de manifester pacifiquement est un droit fondamental pour tout être humain et nous espérons que la Chine en tiendra compte et libérera tous les moines détenus pour avoir exercé ce droit. Le Canada appelle aussi la Chine et les représentants du dalaï-lama à engager le dialogue, et espère aussi qu'ils trouveront rapidement une solution pacifique à leurs divergences, ce qui, croyons-nous, serait dans l'intérêt des deux parties.

Le gouvernement canadien estime que les Jeux olympiques de 2008 à Beijing offrent à la Chine une très bonne occasion d'adopter des mesures concrètes pour améliorer son bilan des droits de la personne. Le Canada espère que ce pays prendra des mesures efficaces en ce sens, avant, pendant et après les Jeux olympiques de 2008. Pendant la période qui précédera les Olympiques, nous continuerons à suivre de près la situation des droits de la personne, et à plaider en faveur d'améliorations.

Les Jeux olympiques sont un événement sportif et une occasion de promouvoir l'idéal olympique. À titre de langage universel, le sport peut être utilisé pour promouvoir la santé, le développement, la paix et le respect des droits de la personne. La participation du Canada à des événements sportifs majeurs facilite le dialogue sur ces questions. Le Canada n'a pas l'intention de boycotter les Jeux olympiques de Beijing. Nous poursuivons plutôt nos démarches pour convaincre la Chine de l'importance de profiter des Olympiques pour améliorer son bilan au chapitre des droits de la personne. Comme l'a déclaré le premier ministre Harper, le Canada sera représenté par une délégation de haut niveau à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Beijing.

Je peux vous assurer que le gouvernement du Canada saisira toutes les occasions pour faire connaître clairement aux autorités chinoises ses préoccupations au sujet des droits de la personne et des libertés fondamentales. Je vous remercie d'avoir écrit et vous prie d'accepter,

Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs. Le ministre des Affaires étrangères,

Maxime Bernier

Merci beaucoup Alain pour votre démarche.

lundi 5 mai 2008

Événement : Relai mondial de la flamme des droits humains


Quand : jeudi 8 mai, 19h30
Départ : Place d’Youville
Arrivée : Assemblée Nationale

Le Relai mondial de la flamme des droits humains en Chine interpelle tous ceux et celles qui souhaitent améliorer la condition des droits Humains en Chine. La flamme a traversée 37 pays depuis août dernier où elle a débuté son parcours à Athènes.

Les droits humains en Chine sont largement violés, notamment en ce qui a trait à la
liberté de presse, à la condition du Tibet, à la violation des fondements juridiques etc.

Le mouvement spirituel Falun Gong, fait parti de la liste avec la torture, les emprisonnements, la propagande haineuse et prélèvement d'organes (reins, cornées…) de pratiquants dans un but lucratif.

Je vous invite à apporter vos pancartes et banderoles ou simplement à porter haut et fort votre conscience le jeudi 8 mai prochain à 19h30, départ de la Place d’Youville , fin de la marche à l'Assemblée Nationale.

Note : Cet événement n'est pas un événement organisé par le Collectif des Tibétains de Québec, mais le Collectif endosse l'événement.

vendredi 25 avril 2008

Un triste anniversaire

En ce 25 avril, le Tibet célèbre l’anniversaire de Gedhun Choekyi Nyima, connu surtout par son titre, le 11e Panchen Lama. Or cette anniversaire n’est pas un jour de réjouissance pour les Tibétains. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

La succession du pouvoir

Comme vous le savez sûrement, le Dalaï Lama est une réincarnation. Il ne peut être élu et un nouveau Dalaï Lama ne peut être nommé avant sa mort, puisque c’est la même âme qui revient pour diriger la destiné du peuple tibétain. Afin d’authentifier la réincarnation suivante, le jeune garçon pressentie doit passer une série de tests qui prouvera qu’il s’agit bien de la même personne.

Celui qui a l’autorité moral d’approuver cette réincarnation est le Panchen Lama. Qui est au juste le Panchen Lama ? Et bien il est lui aussi une vieille âme qui revient vie après vie. Donc, lorsque le Dalaï Lama décède, le Panchen Lama officialise la reconnaissance de la nouvelle réincarnation et vice versa. Quand le Panchen Lama décède, c’est le Dalaï Lama qui reconnaît officiellement la nouvelle réincarnation.

Bref, c’est deux âmes qui se connaissent des centaines d’années et qui sont capables de se reconnaître après une longue absence.

Le 11e Panchen Lama

Lorsque le gouvernement communiste chinois est venu « libérer » le Tibet, il a vite compris que le Dalaï Lama était la clé de voute du peuple et de la culture tibétaine. Le neutraliser signifiait de neutraliser en grande partie la résistance tibétaine. Or lorsque le Dalaï Lama s’en enfuit en Inde en 1959, le gouvernement chinois a mis en place un plan B.

En effet, le 10e Panchen Lama est resté au Tibet. Dans l'espoir de le « convertir », le gouvernement chinois a nommé le 10e Panchen Lama vice-président du Congrès National Populaire du parti communiste. Avec un peu de chance, il exprimerait la politique du gouvernement chinois et dénoncerait le Dalaï Lama comme traître. Disons que ce n'est pas tout à fait ce qui s'est passé et pour faire une histoire courte, il a été emprisonné quelques années, puis il a pu retourner au Tibet, où il est mort dans des circonstances étranges en 1982.

Gedhun Choekyi Nyima est né le 25 avril 1989. Le Dalaï Lama l'a reconnu comme 11e Panchen Lama en 1995. Peu de temps après, Gedhun Choekyi Nyima et sa famille ont été enlevés par les autorités chinoises. Gedhun Choekyi Nyima n'avait que 6 ans! Ce qui en fait le plus jeune prisonnier politique au monde.

Le gouvernement chinois a ensuite désigné un autre garçon comme Panchen Lama, et a tenté de forcer les Tibétains à l'accepter, sans succès.

En ce 25 avril 2008, alors que le Panchen Lama fête ses 19 ans, nous sommes toujours sans nouvelles de lui.

Le grand complot

Donc, vous comprendrez que le gouvernement chinois à tout à gagner de l’indécision du monde occidental. En fait, la Chine achète du temps, en attendant que le Dalaï Lama meure de sa bel mort. À partir de là, c’est le gouvernement chinois qui théoriquement désignera le prochain Dalaï Lama. Rien de moins!

Bien sûr, avant sa mort, le Dalaï Lama va préparer un plan d’urgence. Mais il y a fort à parier qu’on va se retrouver avec 2 Dalaï Lama, un « chinois » et l’autre tibétain. Qui la communauté internationale va-t-elle reconnaître comme le représentant légitime des Tibétains ? On peut craindre le pire.

La 2e libération

Depuis un mois je lis de nombreux articles à propos de la situation du Tibet. Plusieurs tentent de minimiser la situation en utilisant les arguments suivants :
  • La Chine contrôlait le Tibet depuis déjà un bon moment. (argument très contestable...)
  • Ça fait plus de 50 ans que ça dure (comme si ça légitimait tout!)
  • Les Tibétains étaient déjà sous le joug de la dictature religieuse.
Ce dernier argument m'irrite particulièrement. Je suis bien prêt à admettre que le Tibet du début du siècle dernier n’était peut-être pas le paradis qu’on voudrait parfois s’imaginer. Il est vrai que le pouvoir religieux y était omniprésent.

Voilà maintenant plus de 50 ans que le Dalaï Lama a fuit le Tibet et encore aujourd’hui, aux yeux des Tibétains, il est le chef incontesté. Ce dernier a mis en place un gouvernement démocratique en exil, or les Tibétains en redemandent. Je côtoie la communauté tibétaine en exil depuis 7 ans, j'en ai mariée une et je peux vous assurer que je suis aussi critique envers l'institution bouddhiste qu'envers le pouvoir catholique.

Alors, vouloir laïciser la politique tibétaine à tout prix, cela revient à vouloir « libérer » le Tibet une 2e fois. Il faut avoir l’esprit suffisamment ouvert dans cette crise pour se dire qu’un peuple peut parfaitement s’épanouir dans autre chose qu’une démocratie laïque. Nous avons fait nos choix de société, respectons les leurs.

Quant à ceux qui parlent du progrès accompli depuis l'arrivée des Chinois au Tibet, c'est un peu simpliste comme argument. Dois-je vous rappeler que les femmes ont eu le droit de vote au Québec en 1940? Avons-nous eu besoin du gouvernement communiste chinois pour nous « libérer »?

Christian Fortier

mercredi 23 avril 2008

Tentative de boycott

Un billet très amusant d'un des participants à la marche de samedi dernier.

Il a fait le pari de se présenter à la marche avec aucun vêtement provenant de Chine. Disons qu'il a trouvé ça plus difficile qu'il pensait...

Extraits du discours de Dickey Bekhim lors de la marche du 19 avril.

"C’est avec beaucoup d’émotion que je suis avec vous aujourd’hui. Depuis la conférence du 27 mars, Moi et les autre Tibétains de Québec , somme très ému par le support que vous avez manifesté auprès de mon peuple. Je n’aurais jamais imaginé ça quand je suis arrivé à Québec.

Nous sommes réunis aujourd’hui parce que les choses ont bien peu bougé depuis 1 mois.
  • Les frontières du Tibet sont encore fermées aux étrangers.
  • Les monastères sont bouclés par l’armée chinoise, qui rationne même l’eau ! Imaginez, le monastère de Drepung, qui compte 300 moines, est encerclé par plus de 2000 soldats !
  • Les arrestations n’ont jamais cessées depuis le 10 mars. Par exemple, 150 moines d’un seul monastère, ont été arrêtés le 15 avril dans la région de Machu.
Les politiciens étrangers tardent à dénoncer avec vigueur ce qui se passe là-bas.
Mais, il y a encore de l’espoir. Partout dans le monde, le passage de la flamme a été perturbé, souvent par des sympathisants à la cause tibétaine. Certains ont déploré que l’on se soit attaqué à un symbole de paix.

C’est justement parce que c’est un symbole de paix, que nous avons choisi de protester. La Chine essaie de s’associer à ce symbole, pour prétendre qu’elle représente un pays de paix et d’harmonie. Pendant ce temps, elle censure les médias étrangers et enferme les dissidents, sans parler de ce qu’elle fait subir au peuple tibétain. Belle vision d’un parcours de l’harmonie !

D’autres ont dit qu’il ne fallait pas mêler le sport à la politique.
  • Quand un pays veut parader partout dans le monde avec la flamme olympique en s’affichant elle-même comme un symbole de paix et d’harmonie, je m’excuse, j’appelle ça de la politique.
  • Quand nous savons très bien que le Comité international olympique a accordé les Jeux à la Chine, en l’invitant à améliorer son respect des droits humains, moi j’appelle ça de la politique.
  • Quand la Chine censure les incidents liés à la flamme olympique pour faire croire à son peuple que son passage est une réussite partout dans le monde, j’appelle ça de la politique.
  • Quand la Chine accuse le Dalaï Lama de vouloir saboter les Jeux, alors qu’il s’est toujours opposé à un boycott, j’appelle ça de la politique !

Mes frères et mes sœurs manifestent sans répits depuis plusieurs semaines, en Inde et au Népal. Plusieurs ont été arrêtés dernièrement, dont plus de 500 au Népal jusqu’à maintenant.

Certains Chinois se sont dits blessés, disant que les Tibétains veulent détruire leur Jeux et leur pays. Mettons les choses au clair : nous n’avons rien contre les Chinois en tant qu’individus, rien contre les Jeux, rien contre la Chine. Par contre, le gouvernement chinois doit comprendre que même si le Tibet doit faire partie de la Chine, nous ne serons jamais des Chinois. Nous avons notre langue, notre culture, notre religion, nos traditions. La moindre des choses de la part d’un pays qui aspire à devenir une puissance mondiale est de nous respecter en tant que peuple distinct.

Vous savez, ça fait plus de 50 ans que mes parents ont quitté la terre qui les a vu naître. Je souhaite qu’il puisse y retourner une dernière fois. Mais ce sera dans un pays où règne la paix. Une paix basée sur la bonne entente entre les peuples, pas une paix basée sur la peur et l’ignorance. "

dimanche 20 avril 2008